Le bon Café [Max-Granny]

Le Café du Gîte était un lieu chaleureux et c’était là que Maxamed passait une bonne partie de sa journée, encore trop hésitant à se déplacer dans les couloirs tant qu’il ne connaissait pas ses limites. Sous la houlette de Toyin, il essayait de se rendre utile au lieu. Même si pour cela il enfouissait ses propres hésitations et interrogations. Il cachait aussi sa douleur. Dès qu’il voyait Kaarel, il allait le saluer avec respect. Repas, jeux, aide, le congolais faisait tout ici, y passant le plus clair de son temps.

Quand une vieille dame entra dans le Café, il vint lui tirer la chaise qu’elle voulait pour aider la personne âgée à s’installer comme elle l’entendait. Il alla chercher ce que lui avait préparé Toyin pour la servir.

- Et voilà pour vous Madame. Toyin semble bien vous connaître.

Un grand sourire de façade, avec un fond de sincérité au vu de tout ce qu’il avait rapporté à la dame. Peu en avait le droit à autant sans rien demander. Il était impressionné et devait le respect à son aînée. Puis il s’éloigna aidant Toyin à servir plusieurs mages à cette heure agitée où tout le monde semblait lever. Les asiatiques qui veillaient tard et les lèves tôt aux Amériques, les cinq continents avaient des représentants. C’était fou comment ils pouvaient tous communiquer sans difficultés et apprécier la compagnie de chacun. L’africain en était admiratif. Tous semblait pourtant si différents, cela aussi était magique. Presque plus que les Minimes qui venaient exceptionnellement dans les lieux. Chose pour laquelle il devait remercier le Gardien. Ce Gardien si puissant qu’il avait une grande maîtrise sur ce lieu aussi étrange que protecteur. Il revint vers la vieille dame.

- Voulez vous quelque chose de plus ?

Il faisait un peu le tour de la salle avec cette même question. Poli, le tas de muscle qu’il était s’agitait. Toujours en mouvement pour ne pas sembler inutile. Cela lui serait terrible.

La requête de la vieille dame abasourdit Maxamed, c’était quoi ces consignes si précises ? Il hocha la tête un sourire aimable.

- Je suis arrivé il y a quelques jours.

Et il portait encore quelques signes de traitements de plaies récentes en cours de cicatrisation. Mais cela ne semblait pas le déranger. Il fila transmettre la requête de la vieille à Toyin, obtenant une portion pour lui même au passage. Il fallait compter sur l’aubergiste pour le respect des consignes, parce que Max n’avait retenu que darjeeling avec un temps et température. Trop compliqué pour lui tout ça, il avait pas tout retenu. Il revint vers Granny. Il lui donna son thé et prit place en face d’elle.

- Et vous, venez vous depuis longtemps pour déjeuner ?

Si c’était un déjeuner c’était qu’elle était européenne, non ? C’était là on on était le plus proche de midi de ce qu’il avait tout suivit. Et il ne la voyait pas en Afrique qui pouvait avoir des fuseau horaire similaire. Il but de sa propre tasse de la même boisson que la vieille.

- Je m’appelle Maxamed, enchanté Madame

Et vu qu’il comptait pas quitter le Gîte de sitôt, ils auraient bien des occasions de se revoir. Donc connaître son nom et donner le sien n’était que la base. Peut être même qu’il allait rester au Café à aider Toyin. Au moins, il se rendait utile dans cette pièce. Les autres, il ne les avait pas encore explorer, mais aucune ne devait être aussi vivante que le Café. Si grand et convivial, il était un peu le centre ville, le coeur du Gîte si on venait à le considérer comme une ville plutôt que comme un simple bâtiment aux étranges propriétés.Et jamais Max n’allait être irrespectueux avec le Gardien, il lui avait sauvé la vie, comme l’ange. Il allait leur être éternellement reconnaissant à tous les deux.

Cinquante ans… Il était vrai qu’elle devait les avoir passé pour sembler ainsi âgée. Et elle semblait être un véritable puits de science quand il s’agissait de feuilles de thé. Il l’écouta assidûment. Il l’observa aussi avec beaucoup d’attention. S’il voulait aider Toyin, il devait apprendre à faire tout pareil. Il l’imita, portant la tasse à son nez pour en humer les odeurs puis à sa bouche. La boisson était chaude mais pas brûlante. Il regarda la vieille femme à la Magie qu’il reconnut évidemment, bois et terre. Une association harmonieuse puisque l’un donnait vie à l’autre. Et puis il fut surpris voire même embarrassé des derniers mots de Granny. Il rougit et cela devait se voir même avec son teint de peau.

- Oh non non non, je n’ai nullement la prétention d’être adopté par Toyin ou même vous Margaret.

Il cherchait déjà à donner un sens à sa vie alors appartenir à une famille… Non, il n’en avait plus et ignorait s’il pouvait en reformer une. Malgré toute la bienveillance qu’il ressentait de la part de Margaret ou Toyin, il ne pouvait imaginer appartenir à leur famille. C’était bien trop… Trop quoi en vrai ? Il se figea, perdu dans ses pensées. Si elles voulaient bien de lui, qu’est ce qui l’empêchait de ressentir à nouveau ce type d’affection ? Il cilla, clignant des yeux et fit un sourire à Granny.

- Veuillez m’excuser, je me suis plonger dans mes pensées. Enchanté Margaret.

Il but un peu plus de son thé, en découvrant la plupart des arômes, la note boisée qui dans un sens lui faisait penser à la magie de la vieille femme. Il but quelques gorgées supplémentaires, les faisant un peu tourner dans sa bouche. Il satisfaisait ainsi son état de déshydratation et sa curiosité sur la boisson choisie par Granny.

- C’est une bonne boisson, je comprends pourquoi vous l’appréciez.

Une expression douloureuse dont il ne pouvait que chasser la puissance de ces mots. Il déglutit difficilement. La vieille dame continua une explication qui pouvait sonner creuse, mais le chat avait posé le Gîte à son point de chute par un miracle quelconque. Alors Maxamed pouvait parfaitement accepter cela. Il hocha la tête en venant boire un peu de son thé. Même s’il ne savait pas trop quoi lui répondre. Il se plongea dans un certain mutisme jusqu’à ce que la curiosité de Granny vint le frapper à nouveau dans une plaie béante psychique. Il se crispa et la fuya du regard.

- Depuis que je suis enfant… Mais je ne suis Mage que depuis quelques semaines. Je testerai mes limites une fois guérit.

Il sentit sa Magie et ne put que sourire en sentant sa Magie venir délicatement compléter sa tasse. D’abord la terre, solide et réconfortante. Puis le Bois vint chercher le peu d’essence vitale des feuilles de thé. La vieille dame leur redonna une vie à travers sa Magie et avant même qu’elle ne retira sa main, il savait qu’une jeune pousse avait prit forme. Cette forme temporaire que seule la Magie permettait.

- Vous avez une belle maîtrise de votre Magie. Vos éléments resplendissent et répondent à vos moindre requête. Cela se voit que vous avez beaucoup d’expérience.

Maxamed voyait toujours la Magie, les éléments de chacun lui venaient toujours de manière innée. Et il était capable de juger l’harmonie du Mage avec sa Magie. Et Granny l’était parfaitement. Certains jeunes Mages avaient parfois du mal à comprendre toute l’étendue que la Magie leur donnait. Et lui avait toujours vu, mais il n’avait jamais pu agir. Il leva une paume vers le haut et ouvrit sa main. Une très légère brise vint toucher les feuilles de la jeune pousse alors que son ombre se dédoubla. La petite brassée de vent s’estompa et la silhouette vint poker la vieille femme avant de disparaître. Il sentait sa Magie, il savait la contrôler au calme ainsi. Mais les monstres l’ont terrifiés plus de vingts ans durant, la peur n’allait pas disparaître instantannément.

Il eut un sourire plus charmé qua charmeur à l’évocation de Kaarel. Il ajouta à la fin de sa phrase.

- Un petit ange aux doigt de fées… On est d’accord.

Un sourire amusé étira ses lèvres avant de disparaître.

- Le Gardien l’a appelé à mon arrivée au Gîte...

Et il ne dit rien de plus au final. Gêné, incapable de vraiment mettre des mots sur comment il était arrivé là. Il se concentra sur sa Magie dont il fit une démonstration impeccable et sans risque. L’ombre régnait sur la terre et il ne voulait en aucun cas blesser la vieille femme. Il l’écouta patiemment, profitant du long monologue pour finir sa tasse de thé.

- L’harmonie que l’on a avec la Magie n’est pas liée à sa puissance. Au village, un puissant mage s’est vu refuser le rang de grand chaman parce que sa Magie allait régulièrement exploser à la moindre contrariété. Pourtant il était l’un des plus puissant mage du village.

Il eut un sourire un peu fané, le souvenir l’amusait et pourtant il creusait dans une blessure.

- Pour ce qui est de mon talent, j’ignore si ça marchera pour la Magie, mais je suis jamais autant concentré que lorsque je danse sur une musique. Déjà que mes yeux voient clairement la Magie, je peux juste me laisser porter par une danse et choisir sur quelle volute de Magie je danse ou non. Le monde est parcouru par la Magie, par volutes, par veines énormes dans la terre, par des courants aériens et marins.

Et comme pour lui donner raison, la Magie s’agita dans le Café. Il déplaça la théière dix secondes avant qu’un pied de parasol vienne percer la table là où elle était. Il ouvrit le parasol, créant une ombre solide tout en parlant.

- Ouvrez les parasols, la pluie arrive.

Il le sentait de manière très précise, des nuages se formant finalement. Noirs de pluie il se déversèrent dans les secondes qui suivirent Les trop peu réactifs commencèrent  se faire tremper.

Max entendit les mots de la vieille dame. Ils étaient emplis de sagesse et d’expérience. L’avantage d’être mage lors de décennies entières. Il fallait le reconnaître. Il étira ses lèvres à la fin des mots.

- N’est il pas évident de venir en aide à la génération précédente ? Elle apprend le nécessaire à la génération contemporaine. Et celle ci ferait de même avec celle à venir.

Le mage patienta, il nota les informations complémentaires. Prim… Le nom sera dans sa mémoire. Son expression s’assombrit à la fin de la prise de parole de Granny. Elle avait encore taper fort. Sa sensibilité à la Magie, il l’avait tant mépriser des années. Et être maintenant capable de se battre contre les Minimes l’apaisait à peine.

Le temps changea. Il y avait réagit avec rapidité et efficacité. Granny fit de même, formant son propre abri par sa Magie et sa canne. Le garçon expira fortement, impressionné par le talent de la dame.

- Je l’ignore. J’ai été capable de voir dès l’enfance. Mais j’ai passé mon temps me cacher et non combattre. L’évasion n’est en rien comparable à l’affrontement.

Donc il prenait difficilement le compliment. Il n’était pas certain d’aller loin. Il était déjà à peine certain à propos de sa simple existence. Le médecin avait dit de vivre par soi même en faisant fi des espérances intenable de personnes maintenant en dehors de sa vie. Mais comment faisait on cela ? En vrai ?

- À cela je dirais en complément… Je n’ai pas de compétence réelle, j'ai fait des petits jobs sans formation et l’école n’était pas importante.

Donc il n’était rien. C’était étrange de se dire l’opposé. Son expression se figea dans la honte discrète. Avait il l’expérience de ne pas montrer trop fort sa honte ? Il s’enfonça dans son siège et ce même si son dos vint prendre la flotte.

Maxamed venait d’un pays et plus particulièrement d’un village où ce genre de traditions de respect des anciens était très fortes. Alors pour lui cela restait l’évidence même, en particulier pour un mage. Et ces histoires de bus partant au quart de tour ou de cartes justifiant le respect c’était un peu étrange. Parce que nombre des bus qu’il avait emprunter, il suffisait de sortir du bus où on voulait à condition de pas avoir trop peur de sauter d’un bus en route. Mais ils ne roulaient pas si vite, ils étaient souvent bondés et complètement ouverts.

- Du respect dû aux anciens Madame

Puis elle demanda une nouvelle tasse de thé. Alors il se leva, débarrassa les tasses et la première théière. Il récupéra d’autre plats vides qu’il ramena à Toyin en transmettant la requête de Granny. Il fit un peu de service à droite à gauche puis il revint vers la nigérienne pour prendre la théière et des tasses. Il rejoignit Granny, qui malgré quelques oublis, revint bien tapé sur le sujet difficile. Il écouta l’expérience de la vieille dame. Mage depuis longtemps, mais combattante depuis peu. Cela était surprenant. Mais peut être parce qu’il voyait ça de ses yeux où Mage égalait combattant et ce peu importe le genre vu que seul l’affinité avec la Magie comptait. Il baissa les yeux, observant le sable du sablier s’écouler, représentant le temps qui s’écoulait irrémédiablement. Les mots de la personne âgée était puissant et plein d’espoirs. Chose qu’il n’avait plus vraiment. Mais tous les Habitants du Gîte ou réguliers semblaient l’encourager à refonder ses espoirs. Pour vivre comme il entendait, faire ses preuves pour lui même et non parce que c’était ce qu’il devait être par ses dons puissants. Alors cela faisait quand même un peu envie. Il reposa son regard sur Granny.

- Merci de vos encouragements Margaret.

Cela faisait si chaud au coeur. C’était fort agréable. Mais tout de même un fond de pression pour quand même être à la hauteur pour mériter cette bienveillance. Il tendit sa tasse pour se laisser servir par Granny. C’était elle qui maîtrisait son processus.

- Pourquoi avoir travailler ici ?

Toyin c’était par envie, Maxamed par nécessité de se rendre utile. Alors ce n’était pas tout à fait pareil. Même s’il était fort reconnaissant de Toyin de son initiative. Mais visiblement le Café était encore plus ancien que la tenancière actuelle. C’était fort intriguant.

Maxamed ne savait absolument pas de quoi Granny parlait alors il se contenta d’attraper la tasse et d’en humer les arômes. Sentait il des différences avec le précédent ? Difficile à dire. Mais à nouveau c’était bien trop chaud pour être bu alors il laissa la tasse refroidir sur la table. Puis la vieille dame évoqua ses propres raisons pour avoir travailler dans le Café du Gîte de l’Invisible. Il l’écouta attentivement, surpris qu’elle ait tant eue à se chercher. Et il obtenait des informations sur le Gîte et ses limites. Donc même la nourriture ingérée, si ce n’est pas par des aliments importé de l’extérieur cela disparaissait de leur corps ? C’était fou.

- Le Gardien ne peut pas tout créer donc. Mais cela ne change pas qu’il a déjà beaucoup de pouvoirs.

Il lui avait sauvé la vie après tout. Et ces derniers jours il vivait uniquement grâce à lui et Toyin qui lui donnaient tout ce dont il avait besoin pour se nourrir, se loger et s’habiller.

- Enfin je n’ai jamais goûté de croquettes pour chats pour pouvoir comparé. Et je sais qu’au fond, de la nourriture c’est de la nourriture, à un moment tu ne réfléchis plus trop à ce que tu as entre les mains.

Quand la faim était trop douloureuse, le corps se tordant d’une douleur due à un jeûne bien trop long, il fallait bien lui donner de quoi récupérer quelque forces. Il eut un sourire un peu triste aux lèvres. Donc il chercha à aller cacher son expression par sa tasse ne voulant pas dérangé la vieille femme et gâcher son humeur. Le liquide encore chaud vint un peu lui brûler la langue avant de couler au fond de sa gorge. Il percevait à peine les différences avec le breuvage précédent.

- Combien de temps avez vous mis à vous trouvez ?

Parce que là elle parlait d’années qui lui paraissait si lointaines, mais s’était elle trouvé dès là ou bien plus tard. Elle avait dit combattre depuis peu alors que son corps se dégradait. La vieillesse, il l’avait bien vu chez les anciens de son village. Mais même s’ils étaient bien moins vaillants, jamais il n’oserait les affronter. Leur Magie était bien trop puissante.

Les paroles de Granny étaient très instructives. Maxamed l’écoutait avec attention pendant que son thé refroidissait. Il était vrai que si le chat ne connaissait pas le concept, il était difficile de lui exiger quelque chose. Parce que tout puissant soit il, il ne pouvait pas créer ce qu’il ignorait.

Donc en résumé, la vieille femme avait mis les décennies entre sa découverte de la Magie et la nécessité de l’utilisation d’une canne à se chercher avec moult et moult expériences. Le jeune homme était impressionné par tout ce qu’elle avait fait sans jamais se dire que tout était vain. Alors que lui aurait presque espéré être aveugle plutôt que de continuer à être non mage tout en voyant chaque traces, chaque volutes. Mais il n’avait aucun cran, il posa sa main sur l’éléphant sur son tatoué sur son bras.

- Vous m’impressionnez Margareth. Je ne peux que vous respecter. Je ne vis que depuis une vingtaine d’années et j’ai déjà pensé qu’il était vain de chercher quelque chose dont nous sommes dénués…

Mais il se retint de dire qu’il avait pensé au pire. Elle pouvait peut être raccroché les wagons par ces seules déductions et hypothèses de leurs échanges, de ses blessures encore visibles. Même si maintenant il était mage et que donc il n’avait plus guère de raisons de se donner la mort. Mais il n’avait pas non plus de raisons solides pour s’accrocher à la vie. Allait il être à jamais sur la brèche à devoir maintenir ses pires pensées sous surveillance avec peut être des check up auprès de médecin. Enfin, encore fallait il accepter de consulter un médecin, surtout un psy. Pas comme si c’était très courant et accessible pour les pauvres… Yep, c’était assez peu probable que cela arrive. Il soupira et finit par relâcher son bras pour venir boire un peu du thé qui avait refroidi.

- Veuillez m’excuser, je crois que j’ai plomber l’ambiance.

Maxamed écouta, se recroquevillant un peu sur sa chaise. Il n’aimait pas trop comment tournait la conversation. Pourtant Granny l’encourageait, ce n’était que du positif. Si elle voulait être guide, elle avait raison. Cela lui allait si bien. Elle savait trouvé les mots justes pour non pas que ce soit blessant, mais encourageant.

- Je pense que vous rester une mage exemplaire et vous ferez un bon maître pour votre disciple.

Il s’inclina un peu avant de reprendre sa tasse et se relever. Il en but quelques gorgées et en voyant le mini fond, acheva la tasse. Il tritura un peu l’anse, indécis. Puis après un long silence, il poussa un soupir avant de reprendre la parole.

- Les déconvenues ont été multiple, tous les mages du village pensaient que je serais mage très jeune. À 16 ans, il était prévu que je sois suffisamment apte en Magie pour être invité au sein du Gîte. Mais je n’ai développé ma Magie que très récemment et le village me considère comme une simple honte à bannir.

Pourtant il y était retourné qu’une fois Mage… Mais il était une si grande honte qu’on l’avait simplement repoussé avec tout ce qu’on trouvait à portée. Et probablement personne n’était venu vérifier si sa chute n’avait pas été mortelle. Enfin, le Gîte l’avait accueillis avant qu’il ne dépérisse alors il ne pouvant faire que des hypothèses. Il détourna le regard vers la zone la plus vide du Café. L’émotion le prenait un peu fort à la gorge. Mais elle lui avait tant raconter sa vie, qu’il devait bien lui en dire un peu plus sur lui même. Malgré la difficulté, parce que de ça, il n’était pas certain de s’en remettre un jour. C’était trop dur. Un sentiment d’abandon et de trahison plus puissant encore que lorsqu’il avait été obligé de quitter le village à sa majorité. Le jeune homme était brisé...

"Aussi intriguant que puisse être un village uniquement magique, si c'est leur façon de traiter les leurs, cela ne donne pas envie d'y vivre. Et malgré ce qu'on a pu vous dire dans votre enfance, ce village n'est pas tout. Le monde est bien plus vaste, et vous aurez toujours un endroit où dormir dans le gîte. Maintenant que vous êtes ici, il est temps de tourner la page, d'oublier votre passé et de recommencer sur des bases saines. Il y a tant de choses à découvrir, ce serait dommage de rester fixé sur ce passé. Plus facile à dire qu'à faire, je sais. Mais nous sommes là pour vous aider à faire ce premier pas."



"Voici pour l'addition, et j'ai un petit quelque chose pour vous. Si vous voulez bien attendre cinq minutes que j'aille le chercher."



"Me revoilà ! J'ai ce petit quelque chose pour vous, que j'ai tendance à donner à chaque nouveau mage que je rencontre."



"Outre le fait qu'ils tiennent bien chaud, j'ai rajouté des protections au niveau des métacarpes. Ca permet d'éviter, ou du moins de réduire les risques de fractures en frappant avec le poing, si besoin. Ca, et j'ai brodé l'étoile du gîte sur le dos de chaque gant. Une étoile à sept branches dans un cercle, chaque pointe avec un petit emblème d'élément, avec une flèche au bout pour pouvoir voir d'un seul coup d'oeil pour chaque élément s'il est fort ou faible par rapport à un autre élément. Certes, pour quelqu'un ayant grandi auprès de mages, ça doit être élémentaire, mais c'est toujours un pense-bête utile pour les nouveaux mages qui n'ont pas le temps en plein combat de rechercher leurs notes..."

Granny sembla être un peu contre les idéaux du village qui par essence voulait protéger les leurs. Mais peut être étaient ils devenus trop élitiste et que son talent pour voir n’était au final qu’un piège pour leur rappeler leur arrogance. Piège dans lequel ils étaient tombés en faisant terriblement souffrir Maxamed.

- Merci Madame.

Pour toute cette bonté dont elle brillait. Elle déposa l’addition avant de filer en annonçant son retour proche. Alors Maxamed qui n’allait de toute façon pas bouger du Café prit l’argent et alla le ranger dans la caisse de Toyin. Il reprit son travail, le moral un peu miné par la discussion mais bon. Il fallait faire avec.

Puis Margaret revint dans le Café et elle lui tendit une paire de gants rose barbe à papa, donc bien flashy. L’expression surprise du congolais passa à la reconnaissance avec les explications. Il y avait tellement d’attentions dans ce petit objet qu’il en fut ému, presque aux larmes. Mais elle n’avait pas tort, il connaissait les forces et faiblesses de chaque éléments, c’était même presque instinctif tellement il était doué pour voir l’invisible. Pourtant, cela l’émut tout de même beaucoup alors qu’il vint les prendre avec précaution. Il enfila les gants de laine, testa l’élasticité, admira l’étoile, apprécia le tissu sur sa peau. La couleur était flashy, presque affreuse. Mais le cadeau et les attentions derrière lui tinrent trop à coeur pour qu’il rejette l’idée de les porter. Il les retira pour les prendre en mains.

- Vraiment merci beaucoup Margaret.

Le grand gaillard était pas loin de pleurer en fait. Il recula un peu embarrassé.

- Je vais les ranger de suite.

Et il prit la fuite par la porte du Café, direction la chambre qui lui avait été attribuée. Il devait faire disparaître ses larmes de joie, vite.